59.

— Nom de Dieu ! Regardez-moi ça ! s’exclama Walter Trentkamp d’une voix rendue aiguë par l’incrédulité. Messieurs, il se passe la même chose partout !

Trentkamp, le directeur du FBI, Philip Berger, celui de la CIA, et le général Frederick House étaient postés devant les terminaux informatiques quand Caitlin Dillon et Arch Carroll débarquèrent. Des informations, textes et graphiques, arrivaient simultanément sur plusieurs écrans.

Voyant Caitlin et Carroll traverser précipitamment la salle allouée à la cellule de crise, Berger fronça les sourcils.

— Des rapports urgents affluent depuis un quart d’heure, vingt minutes, expliqua-t-il. Depuis trois heures et demie, heure d’ici. Ils ont mis quelque chose en branle. Il se passe quelque chose. Dans le monde entier, cette fois-ci.

À une heure, heure de Paris, la Compagnie des agents de change fut fermée sur ordre officiel du président de la République française.

Les transactions furent immédiatement suspendues à la Bourse. L’indice CAC 40 avait perdu plus de trois pour cent en une matinée.

Les gros titres des journaux français du soir étaient les plus sinistres qi aient été composés depuis quarante ans :

 

LE MARCHÉ AU BORD DE LA PANIQUE !

KRACH BOURSIER !

LA BOURSE SENS DESSUS DESSOUS !

DÉSASTRE FINANCIER !

 

Pourtant pour une fois, les quotidiens étaient en dessous de la vérité.

La confusion la plus totale régnait à la Bourse de Francfort, qui parvint néanmoins à rester ouverte jusqu’à la clôture réglementaire de la séance.

L’indice de la Commerzbank était tombé sous la barre des mille pour la première fois depuis 1982.

On comptait la Westdeutsche Landesbank, Bayer, Volkswagen et Philip Holzman au nombre des plus gros perdants de la journée.

Toutefois, aucun des économistes d’Allemagne de l’Ouest n’aurait su dire pourquoi les cours s’effondraient ; ni jusqu’à quel point la chute était susceptible de se poursuivre.

La Bourse de Toronto fut l’une des plus touchées dans le monde.

L’indice composite de trois cents valeurs dégringola de 155 points.

Les volumes de transactions atteignirent de nouveaux records jusqu’à la fermeture officielle de la Bourse canadienne, à treize heures.

À Tokyo, l’index Nikkei-Dow Jones fluctua toute la journée et clôtura finalement à 9 200, ce qui représentait une baisse conséquente de deux et demi pour cent en une séance.

Les sociétés les plus affectées furent celles qui traitaient principalement avec le Moyen-Orient, parmi lesquelles Mitsui Petrochemical, Sumitomo Chemical et Oki Electric.

D’importants dépôts européens et américains firent de la Bourse de Johannesburg la seule gagnante apparente sur l’ensemble du marché mondial. L’encaisse or s’y négocia brusquement à mille dollars l’once. Le rand s’apprécia instantanément à un dollar cinquante.

Des centaines de millions de dollars furent empochés en Afrique du Sud. Des soupçons planèrent, mais aucune réponse satisfaisante n’émergea.

Londres ferma inopinément à midi, soit trois heures et demie avant l’heure de clôture normale.

L’indice des sept cent cinquante sociétés établi par le Financial Times avait perdu près de 90 points. Il avait chuté de pratiquement 200 points depuis l’attentat de Green Band à New York.

L’atmosphère dans le quartier financier de Threadneedle, à proximité de la Bank of London, était presque aussi sombre et désespérée qu’à Wall Street, ravagé par les bombes.

Avec ses consoles téléphoniques informatisées dotées de dizaines de touches, la salle de la cellule de crise du numéro 13 de Wall Street, Manhattan, commençait à prendre de faux airs du vaisseau spatial Enterprise. Personne, parmi la trentaine d’experts de la police, de l’armée et de la finance réunis dans la pièce, n’avait cependant la moindre idée des mesures à prendre.

Le système économique occidental s’était manifestement interrompu, brutalement et pour une durée indéterminée.

Et Green Band leur opposait toujours un silence assourdissant.

Vendredi Noir
titlepage.xhtml
vendredi noir_split_000.htm
vendredi noir_split_001.htm
vendredi noir_split_002.htm
vendredi noir_split_003.htm
vendredi noir_split_004.htm
vendredi noir_split_005.htm
vendredi noir_split_006.htm
vendredi noir_split_007.htm
vendredi noir_split_008.htm
vendredi noir_split_009.htm
vendredi noir_split_010.htm
vendredi noir_split_011.htm
vendredi noir_split_012.htm
vendredi noir_split_013.htm
vendredi noir_split_014.htm
vendredi noir_split_015.htm
vendredi noir_split_016.htm
vendredi noir_split_017.htm
vendredi noir_split_018.htm
vendredi noir_split_019.htm
vendredi noir_split_020.htm
vendredi noir_split_021.htm
vendredi noir_split_022.htm
vendredi noir_split_023.htm
vendredi noir_split_024.htm
vendredi noir_split_025.htm
vendredi noir_split_026.htm
vendredi noir_split_027.htm
vendredi noir_split_028.htm
vendredi noir_split_029.htm
vendredi noir_split_030.htm
vendredi noir_split_031.htm
vendredi noir_split_032.htm
vendredi noir_split_033.htm
vendredi noir_split_034.htm
vendredi noir_split_035.htm
vendredi noir_split_036.htm
vendredi noir_split_037.htm
vendredi noir_split_038.htm
vendredi noir_split_039.htm
vendredi noir_split_040.htm
vendredi noir_split_041.htm
vendredi noir_split_042.htm
vendredi noir_split_043.htm
vendredi noir_split_044.htm
vendredi noir_split_045.htm
vendredi noir_split_046.htm
vendredi noir_split_047.htm
vendredi noir_split_048.htm
vendredi noir_split_049.htm
vendredi noir_split_050.htm
vendredi noir_split_051.htm
vendredi noir_split_052.htm
vendredi noir_split_053.htm
vendredi noir_split_054.htm
vendredi noir_split_055.htm
vendredi noir_split_056.htm
vendredi noir_split_057.htm
vendredi noir_split_058.htm
vendredi noir_split_059.htm
vendredi noir_split_060.htm
vendredi noir_split_061.htm
vendredi noir_split_062.htm
vendredi noir_split_063.htm
vendredi noir_split_064.htm
vendredi noir_split_065.htm
vendredi noir_split_066.htm
vendredi noir_split_067.htm
vendredi noir_split_068.htm
vendredi noir_split_069.htm
vendredi noir_split_070.htm
vendredi noir_split_071.htm
vendredi noir_split_072.htm
vendredi noir_split_073.htm
vendredi noir_split_074.htm
vendredi noir_split_075.htm
vendredi noir_split_076.htm
vendredi noir_split_077.htm
vendredi noir_split_078.htm
vendredi noir_split_079.htm
vendredi noir_split_080.htm
vendredi noir_split_081.htm
vendredi noir_split_082.htm
vendredi noir_split_083.htm
vendredi noir_split_084.htm
vendredi noir_split_085.htm
vendredi noir_split_086.htm
vendredi noir_split_087.htm
vendredi noir_split_088.htm
vendredi noir_split_089.htm
vendredi noir_split_090.htm
vendredi noir_split_091.htm
vendredi noir_split_092.htm
vendredi noir_split_093.htm
vendredi noir_split_094.htm
vendredi noir_split_095.htm
vendredi noir_split_096.htm
vendredi noir_split_097.htm
vendredi noir_split_098.htm
vendredi noir_split_099.htm
vendredi noir_split_100.htm
vendredi noir_split_101.htm
vendredi noir_split_102.htm
vendredi noir_split_103.htm
vendredi noir_split_104.htm
vendredi noir_split_105.htm
vendredi noir_split_106.htm
vendredi noir_split_107.htm
vendredi noir_split_108.htm
vendredi noir_split_109.htm
vendredi noir_split_110.htm